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L'accueil des femmes enceintes est-il compromis cet été dans un quart des maternités ?

Publié le 20 juillet 2022 à 18h19, mis à jour le 21 juillet 2022 à 10h10

Source : JT 13h Semaine

Ces dernières semaines, les signaux d'alerte se multiplient en provenance des maternités.
Plus d'un quart d'entre elles auraient des difficultés à accueillir les femmes enceintes dans de bonnes conditions.
Ces chiffres, issus d'une consultation syndicale, illustrent une situation décrite comme critique depuis de longs mois.

Durant l'été, le rythme des naissances ne faiblit pas. La période estivale dans les maternités se déroule pourtant sous haute tension, à en croire les chiffres et témoignages relayés en ligne. Un médecin, qui travaille avec le Samu de Seine-Saint-Denis, a par exemple indiqué ces derniers jours que "122 sur 461 maternités signalent être en difficulté majeure pour accueillir les femmes qui vont accoucher cet été, faute d'effectifs". De quoi mettre en danger la continuité des soins et la santé des femmes qui attendent des enfants ?

Consulter les maternités pour tirer la sonnette d'alarme

D'où vient ce chiffre, largement commenté et qui suscite des craintes légitimes du côté des patientes ? On en retrouve la trace dans une publication de l'Organisation nationale syndicale des sages-femmes, l'ONSSF, datant de la fin juin. Dans un communiqué, publié conjointement avec l'association Santé en danger, les signataires tentent d'alerter sur la situation : "Sur 461 maternités françaises, 122 ont répondu à notre enquête menée du 1er au 26 juin", peut-on lire, ces dernières signalant "être en difficulté majeure pour assurer l’accueil et la prise en charge des patientes, par manque d'effectifs". 

Les besoins en personnels se concentrent "essentiellement" sur les sages-femmes, mais aussi au niveau des "médecins anesthésistes, gynécologues obstétriciens, pédiatres, infirmiers ou infirmières de bloc opératoire", ou encore des "infirmiers puériculteurs ou infirmières puéricultrices". Autre chiffre mis en avant, celui de "49 maternités, soit 40 % des répondants", qui "déclarent des fermetures partielles (arrêt d'activités ou fermeture de service)", ayant pour conséquence "des transferts vers les structures voisines", avec "souvent un défaut d’information aux patientes, voire des ARS (agences régionales de santé) non averties". Derrière le terme de "fermetures partielles", les auteurs du communiqué précisent qu'il s'agit entre autres de "fermeture de consultations de suivi de grossesse, d’échographie, de gynécologie dans les établissements et arrêt des cours de préparation à la naissance et à la parentalité".

L'ensemble des maternités n'ayant pas répondu, il est possible que les chiffres soient en réalité plus élevés que ceux évoqués par les deux organisations. Une situation que la sénatrice LR Catherine Deroche, a soulevée lors des questions au gouvernement ces derniers jours. Également présidente de la commission des affaires sociales, elle a fait part de son inquiétude pour les femmes enceintes, à la suite d'une visite de maternité qu'elle venait d'effectuer dans un établissement de région parisienne. Le ministre de la Santé, François Braun, n'a pas cherché à nier les difficultés rencontrées sur le terrain, évoquant un "problème de santé systémique", qui n'est pas dû à la seule "crise conjoncturelle que nous vivons actuellement".

"Notre pays connaît depuis plusieurs années une réorganisation continue des maternités, sous l'effet déjà de contraintes de démographie médicale, mais aussi et surtout dans le cadre d'exigence et de qualité des soins que nous devons à l'ensemble de nos concitoyennes", a souligné le ministre, déplorant que "des inégalités persistent". Il a évoqué "le déploiement en cours de maisons de naissance", au nombre de 8 à titre expérimental et qui se trouvent "en voie de pérennisation, pour une cible de 20 à court terme", ainsi qu'un "projet d'extension des centres périnataux de proximité, pour apporter une réponse au plus près des territoires". 

Un autre axe de travail concerne pour François Braun "l'attractivité des métiers du soin, notamment pour les maternités". Il plaide ainsi pour des avancées en ce qui concerne "l'exercice mixte ville-hôpital pour les sages-femmes". Au niveau salarial, "les professionnels exerçant en maternité ont [...] bénéficié de 12 millions d'euros de revalorisation Ségur", a-t-il avancé, ajoutant que les sages-femmes ont bénéficié d'une "revalorisation complémentaire, portant la hausse de revenus à 500 euros par mois en moyenne". Le ministre sait qu'il sera attendu au tournant : la présidente du Conseil national de l'Ordre des sages-femmes (CNOSF), Isabelle Derrendinger, partageait en effet une inquiétude teintée de colère. "C’est une question d’heures, de jours, de semaines, avant qu'un drame ne survienne", regrettait-elle. Les maternités, expliquait-elle, ne sont plus systématiquement "en mesure d’assurer la sécurité physique et psychique des femmes qui accouchent en France".

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Thomas DESZPOT

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